Raspberry Pi : applications domotiques

Raspberry Pi : applications domotiques

Pourquoi le Raspberry Pi a conquis la domotique

Le Raspberry Pi, c’est un peu le couteau suisse du geek bricoleur. Depuis sa sortie, ce mini-ordinateur à prix contenu a trouvé sa place dans des milliers de projets DIY, et la domotique n’a pas échappé à la tendance. Petit, puissant, peu gourmand en énergie, et surtout très abordable, il offre la flexibilité nécessaire pour créer des systèmes domotiques sur mesure, évolutifs et sans abonnement. Une aubaine pour tous ceux qui aiment garder le contrôle à la maison… et sur leur portefeuille.

Si vous vous êtes déjà demandé s’il était possible d’automatiser l’éclairage du salon ou de surveiller votre habitation à distance sans casser votre PEL, vous êtes au bon endroit. Voici un tour d’horizon concret des usages domotiques du Raspberry Pi, avec des exemples issus de projets solides, testés à la maison (oui, ça vient du vécu).

Ce qu’il vous faut pour démarrer

Avant de plonger dans les possibilités domotiques du Raspberry Pi, posons les bases. Voici le matériel de départ recommandé :

  • Un Raspberry Pi (modèle 3B+ minimum, idéalement un 4 ou 5 pour plus de pêche)
  • Une carte SD de 16 Go (classe 10 minimum), ou mieux : un SSD en USB
  • Un boîtier avec ventilation (car ça chauffe en charge)
  • Alimentation 5V 3A officielle de préférence
  • Connexion réseau (Ethernet de préférence, sinon Wi-Fi)

En fonction de vos projets, vous ajouterez ensuite capteurs, relais, caméras, modules RF, Zigbee ou MQTT. Mais ça, on y vient.

Home Assistant : le cerveau de votre domotique

Commençons par l’incontournable : Home Assistant, probablement l’un des projets les plus populaires sur Raspberry Pi. Ce système open source transforme votre Pi en véritable centrale de pilotage domotique.

Pourquoi Home Assistant ? Parce qu’il est gratuit, activement développé, et compatible avec une quantité folle d’équipements et de protocoles (Zigbee, Z-Wave, MQTT, Shelly, Philips Hue, Netatmo, et j’en passe). En gros, il fait dialoguer entre eux des appareils qui normalement ne se parlent pas. Et vous, vous reprenez le contrôle.

Installation express :

  1. Téléchargez l’image officielle de Home Assistant OS via balenaEtcher
  2. Flashez votre carte SD ou SSD
  3. Insérez-la dans le Pi et démarrez
  4. Accédez à http://homeassistant.local:8123

En moins d’une heure, vous avez une interface web claire, accessible depuis votre smartphone ou votre PC, pour gérer vos ampoules, prises connectées, volets ou capteurs de température.

Automatisations DIY : du concret à la maison

Quand on parle de domotique « faite maison », on veut du fonctionnel. Voici quelques exemples d’automatisations que j’ai mises en place chez moi avec un Raspberry Pi + Home Assistant :

  • Gestion intelligente du chauffage avec des thermostats connectés Netatmo, complétés par des sondes de température Xiaomi Zigbee (via une clé Zigbee2MQTT). Le but : chauffer uniquement quand c’est nécessaire, par pièce.
  • Détection d’ouverture de porte dans le garage via un capteur Aqara (toujours Zigbee). Si la porte reste ouverte plus de 10 minutes, je reçois une notification sur Telegram.
  • Pilotage de l’éclairage extérieur selon la luminosité + détection de mouvement (capteur PIR RF 433 MHz, capté via un module RF en USB). Bien plus précis que la traditionnelle cellule crépusculaire.
  • Simulation de présence pendant les vacances : certains éclairages s’allument selon un scénario variable chaque jour (merci les automatisations de Home Assistant basées sur des scripts Python).

Et ce ne sont que quelques exemples issus des dizaines d’automatismes en service à la maison. Le tout repose sur un Raspberry Pi 4 avec un SSD de 128 Go, sans souci de latence ou coupure depuis plus d’un an.

Pilotage vocal : oui, c’est possible (et sans cloud)

Alexa et Google Assistant, c’est pratique, mais ça cause un peu trop à la Silicon Valley à mon goût. Si comme moi vous aimez garder votre vie privée… privée, le Raspberry Pi peut devenir votre propre assistant vocal.

Un projet mûr et stable : Rhasspy. C’est une plateforme de reconnaissance vocale locale, compatible avec Home Assistant. On peut donc créer des commandes vocales du type « Allume le salon » ou « Ferme les volets à 22h » sans envoyer un octet à l’extérieur.

Côté matos :

  • Un micro USB type ReSpeaker, ou carte son USB avec micro externe
  • Un petit haut-parleur USB ou jack stéréo

Et hop, une fois configuré, vous parlez, votre maison obéit. Le tout, sans que Jeff Bezos écoute au passage.

Caméras DIY : vidéosurveillance économique

Pas besoin de payer un abonnement mensuel pour garder un œil sur votre propriété. Le combo Raspberry Pi + MotionEye (ou Frigate pour les plus avancés) est bluffant pour monter une solution NVR maison.

Avec MotionEye, vous pouvez :

  • Connecter plusieurs webcams (USB ou caméras IP RTSP)
  • Détecter les mouvements, capturer des images ou vidéos
  • Envoyer des alertes par e-mail, Telegram, ou via Home Assistant
  • Gérer un historique selon votre capacité disque

Exemple concret : un vieux Pi 3 avec deux caméras USB et une clé Wi-Fi me permet de surveiller l’entrée et le jardin. Pas de cloud, et en plus je récupère les vidéos en local.

Pour ceux qui veulent aller plus loin, Frigate exploite le machine learning pour identifier la présence humaine (et éviter qu’un chat déclenche 300 notifications). Sur un Pi 4 – ou mieux, un serveur avec accélération GPU – c’est redoutablement efficace.

Passerelles Zigbee, RF ou Z-Wave : tout faire dialoguer

La clé d’une domotique réussie, c’est l’interopérabilité. Et là encore, le Raspberry Pi s’en sort très bien. Il peut jouer le rôle de passerelle entre vos objets connectés et Home Assistant, avec les bons dongles :

  • Zigbee2MQTT (clef CC2652P ou Sonoff Dongle Plus) : pour gérer tous les accessoires Xiaomi, Ikea, Philips Hue… même ceux bloqués sur des hubs propriétaires.
  • RFXCom ou RFLink : pour les dispositifs 433 MHz comme les sondes météo, prises commandées ou capteurs de mouvement low-cost.
  • Clé Z-Wave (comme Aeotec Gen5) : utile si vous avez déjà du matériel Z-Wave fiable.

Un seul Raspberry Pi peut centraliser tous ces protocoles via Home Assistant. C’est propre, stable, et ça évite de multiplier les box propriétaires incompatibles entre elles.

Les limites à connaître (et comment les contourner)

Attention : aussi polyvalent soit-il, le Raspberry Pi n’est pas une centrale nucléaire. Il a ses limites :

  • Stockage : une carte SD s’use vite. Préférez un SSD pour du stockage fiable (surtout avec enregistrements vidéo ou historique longue durée).
  • Puissance : pour faire tourner de l’analyse d’image ou plusieurs dockers en parallèle, le Pi 4 ou 5 reste le minimum. En dessous, vous vous exposez à de la latence.
  • Disparition soudaine du Wi-Fi : préférez toujours un câble Ethernet quand c’est possible. Le Wi-Fi du Pi est correct, mais pas infaillible pour un usage 24/7.

Personnellement, j’ai mis un onduleur (type APC Back-UPS 700) pour éviter les coupures inopinées et j’ai supprimé tous les logs superflus pour préserver le SSD. Résultat : uptime de 276 jours sans redémarrage à ce jour.

Ce que le Raspberry Pi change vraiment

Plus qu’un gadget, le Raspberry Pi devient un outil central dans une installation domotique moderne. Il permet de faire tomber les murs entre les marques, de reprendre la main sur ses appareils, et surtout d’apprendre en pratiquant.

Et si vous aimez bidouiller, repenser les usages du quotidien avec une approche « maison », c’est un terrain de jeu passionnant. De la passerelle Zigbee DIY à l’assistant vocal local en passant par l’automatisation complète du chauffage, tout devient possible.

Alors, prêt à transformer votre Raspberry en chef d’orchestre de votre maison connectée ? À vos tournevis… et vos lignes de code !